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ANIMATAZINE

BADRISSA SORO

Badrissa Soro débute son parcours à Gagnoa, capitale de la région du Gôh, située dans le centre ouest de la Côte d'Ivoire, sa ville natale, où il fait ses premiers pas sur scène en tant qu'élève comédien avec l'Ensemble Artistique John Carlos entre 1997 et 1999.

Il se forme ensuite au village Ki Yi M'Bock de Werewere Liking à Abidjan, où, encouragé par la Grande Dame de la Marionnette, il apprend à fabriquer, animer et faire parler des marionnettes.

Pendant 7 ans, il apprendra toutes les facettes de cet art, participant à de nombreux stages de marionnettes et d'animation.
 
En 2008, il fonde la Compagnie Ivoire Marionnette dont il devient le directeur artistique.

En 2015 il crée le centre de formation
 Académie Ivoire Marionnette, pour transmettre l'art de la marionnette aux jeunes et aider le développement de la marionnette en Afrique.

Il est Président de la Commission Unima Afrique et Président d'Unima Côte d'Ivoire.

Dans cette interview, Badrissa Soro nous fait découvrir le paysage africain de la marionnette, en pleine effervescence et vigueur. 

Grâce à l'énergie propulsive des Compagnies et des nombreux artistes présents sur le territoire, unis par un esprit fédérateur renouvelé :

L' Afrique sera partout inondée de marionnettes et de marionnettistes !"

COMMENT L'UNIMA (UNION INTERNATIONALE DES MARIONNETTES) EST-ELLE VUE EN AFRIQUE ?

Badrissa Soro
00:00 / 03:37

L’UNIMA a permis aux marionnettistes africains de se réveiller et aussi de se structurer.

Je me rappelle, quand nous n'étions pas encore membres de l'UNIMA, on a appris l'existence de l'UNIMA, on s'est dit: “Tiens! Mais voilà une organisation qui peut nous mettre à la lumière!”.

La marionnette en Côte d'Ivoire à l'époque n'était pas assez développée, et on n'était pas en lien avec beaucoup de marionnettistes.
 
On voulait aller sur des festivals, mais nous ne pouvions pas car nous n’étions pas connus; donc on s'est dit qu'il fallait vraiment tout faire pour s'inscrire à l’UNIMA: “Il faut qu'on montre de l'originalité et comme ça quand on ira présenter notre travail, les portes de l'UNIMA nous seront ouvertes!”.

Ça nous a donné de la motivation, on avait notre tout premier spectacle qui s'intitule Tambour de l'Union; c'était un spectacle qui parle de paix, de cohésion sociale et de réconciliations; à l'époque il y avait un concours que l'UNIMA avait lancé en partenariat avec l'Unesco qui s'appellait Les marionnettes s'engagent pour la paix; c'est Jacques Trudeau qui était le secrétaire général à l'époque, nous avons postulé à ce concours et on a eu un prix.
 
Et ce prix on devait le réceptionner à Charleville-Mézières!
 
C'est la connaissance de l'UNIMA qui nous a permis de se mettre au travail, tout de suite nous avons vu notre président, à l'époque c'était Honoré Abouah, le président du centre UNIMA Côte d'Ivoire, nous lui avons présenté ce prix et c'est comme ça qu'on a intégré l’UNIMA.

Pour vous dire que c'est très important, ça encourage les marionnettistes africains à se mettre au travail, parce qu'ils se disent que s’ils sont au sein de l'UNIMA, ils ne sont pas seuls, ils peuvent faire des collaborations, ils peuvent prendre part à des festivals, ils ont des personnes à qui montrer leur travail, et ça c'est très important…
 
C'est une association que je pense doit encore grandir, elle doit encore s'ouvrir, largement, à presque tout le monde, à tous les marionnettistes.

Avec le travail de la nouvelle Commission Afrique, tous les jours des marionnettistes veulent adhérer à l'UNIMA: nous sommes aujourd'hui à quatre nouveaux centres UNIMA qui se sont créés, et encore il y des demandes…
 
Il y a eu le représentant qui a été nommé au Congo, Skonde est entré en contact avec moi et il a souhaité avoir un centre UNIMA au Congo, parce qu’il fait un bon travail là-bas, il est en train de suivre des jeunes et il fait de la formation; du côté de l'Ouganda nous avons nommé un représentant; du côté aussi de la Zambie, il y a eu un nouveau représentant et aujourd'hui au Ghana et aussi il y a la Guinée.
 
Ça fait déjà cinq nouveaux représentants, parce qu’il y a un engouement aujourd'hui et tous les jeunes, tous ceux qui pratiquent la marionnette, aujourd'hui veulent vraiment intégrer l'UNIMA.
 
Et de ça nous sommes fiers, parce que là, c'est l’art de la marionnette qui gagne du terrain, qui gagne aussi en collaboration, en fraternité aussi, parce que faire le métier, c’est se sentir seul; on voit qu'on a des communautés, on a des personnes qui sont dans d'autres pays, qui sont aussi dévoués, quand on intègre une organisation on est ami avec tout cela.
 
C'est très important.

POUVEZ-VOUS DÉCRIRE EN GRANDES LIGNES QUELLES SONT LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU THÉÂTRE DE MARIONNETTES DANS LES DIFFÉRENTES ZONES GÉOGRAPHIQUES DU CONTINENT ?

Badrissa Soro
00:00 / 03:50

Au niveau de l'Afrique les cultures sont très différentes.

 

Du côté du Mali par exemple, la façon de pratiquer la marionnette est très différente de celle de l'Afrique du Nord.

En Afrique de l'Ouest on a beaucoup de structures qui pratiquent la marionnette, la marionnette est aussi beaucoup développée du côté de l'Afrique du Sud.

 

Mais c'est pratiquée différemment: c'est contemporain, c'est beaucoup d'innovation et de recherches.

En Afrique du Nord, il y a un travail aussi contemporain.

 

Du côté du Mali, c’est la tradition.

Le Mali d'ailleurs, c'est notre source d'inspiration, le Mali c'est notre capitale de la marionnette en Afrique de l'ouest.

 

Ici on n'est pas nombreux à être dans le monde contemporain de la marionnette.

 

Du côté du Togo la marionnette est basée sur la tradition, du Bénin aussi.

 

La Côte d'Ivoire, n'a pas une tradition en tant que telle, on a une tradition de masques, on développe donc beaucoup plus le côté contemporain de la marionnette: on fait des recherches, on se base sur la tradition, on s'inspire de la tradition pour proposer des nouvelles choses.

Au départ, quand on pratiquait la marionnette ici, on nous traitait de féticheurs, parce qu'on dit que l'être humain ne doit pas créer des figurines pour représenter comme si on se mettait à la place de Dieu.

 

Donc ça fait que les gens ne se sont pas intéressés au départ, les gens ont laissé ce qu'on avait comme tradition, qui est restée dans les villages; ça n'a pas été exploitée, c’est restée pour des rituels, pour des cérémonies, quand on a des cérémonies rituelles dans nos villages c'est en ce moment que les masques sortent.

 

Dans la grande ville, avec l’Islam avec les religions, les gens se sont éloignés, et nous, quand nous sommes arrivés à la marionnette, on a eu beaucoup de difficultés, on a été beaucoup combattus. 

Ce n’est que maintenant que c'est en train de prendre l'ampleur, qu'on voit que c'est un art qui peut valoriser notre pays, c'est n’est que maintenant que les choses sont ouvertes, et c'est maintenant qu'on va exploiter cette voie. 

Chez moi par exemple, au nord, il y a des sculpteurs.
 
C'est une zone très développée, pleine de culture, il y a beaucoup d'artisans qui sculptent.
 
Il y a des musées où vous pouvez trouver des masques Sénoufos, il y a le Calao, qui est un symbole chez nous.
 
Ce sont des choses que nous pouvons développer maintenant, pour montrer ça aux yeux du monde, pour dire qu’on a une culture, et ça, ce n'était pas évident au départ, on voit que la marionnette est en train de prendre une place et que les marionnettistes ne sont plus repoussés, ne sont plus vus comme des féticheurs, comme des personnes qui défient Dieu.

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Calao, l'oiseau symbolique de la Côte d'Ivoire

Maintenant, nous pouvons profiter de ce que nous avons ici, dans notre tradition.

 

L'Afrique centrale se réveille aussi, et ça c'est vraiment bien pour nous, le continent est en train d'être inondé de marionnettes et de compagnies de marionnettistes! 

 

C'est vraiment bien pour nous, car ce n'était pas comme ça il y a dix ans !

QUELLE EST LA RELATION ENTRE LES COMPAGNIES TRADITIONNELLES ET LES COMPAGNIES DE THÉÂTRE DE MARIONNETTES CONTEMPORAIN EN AFRIQUE ?

Badrissa Soro
00:00 / 02:49

Selon le travail que nous faisons à Yvoire Marionnette, je pense qu’il y a une continuité.
 
Auparavant il y avait une séparation, tout ce qui était marionnette traditionnelle c'était considéré comme des choses rituelles, tout de suite quand on voyait un marionnettiste, c'était un féticheur et les hommes d'église, des mosquées, les religions sont contre cela; mais aujourd’hui, avec le travail qui se fait, on voit qu’on a réussi à casser un mythe, on a réussi à briser quelque chose, la manière comme la marionnette était vue auparavant, ce n'est plus comme ça. 
 
Aujourd'hui on commence à voir la marionnette d’un autre oeil, on commence à accorder une importance à l'art de la marionnette, car à travers la marionnette on arrive à éduquer, à travers la marionnette on arrive à sensibiliser, quand il y a une pandémie on peut sensibiliser à travers la marionnette, quand il y a une cérémonie les marionnettes peuvent égayer les gens, dans les écoles les marionnettes arrivent aujourd'hui à éduquer les enfants, donc les marionnettistes sont beaucoup sollicitées dans les écoles, pour des ateliers.

Aujourd'hui il y a un nouveau regard sur le continent, je me dis que c'est une continuité aujourd'hui, il n'y a pas de séparation. 
 
Nous, au niveau de l'Académie Ivoire Marionnette, ce qu'on fait dans le domaine des arts de la marionnette, toutes mes créations ici, sont inspirées de la tradition malienne; tout à l'heure je vous ai dit que le Mali c'est la capitale africaine de la marionnette.
 
Nous, très souvent, on regarde les vidéos des marionnettistes traditionnels du Mali;  c’est ce travail que nous prenons et qu’ adaptons au monde d’aujourd'hui, on s'inspire de cette tradition, on la modernise.
 
Nous sommes inspirés de la tradition et comme on travaille dans le monde contemporain, qu’on est des marionnettistes contemporains, on adapte ce théâtre aux réalités de maintenant, à la modernité d'aujourd'hui, pour que tout le monde s’y retrouve;  parce que souvent, quand c'est typique traditionnel, quand c'est trop traditionnel, c'est dédié à un certain public; auparavant c'était comme ça: tout ce qui est traditionnel à son public, tout ce qui est contemporain à son public.
 
Mais aujourd'hui tout est en train de se joindre, ça devient une continuité et on se retrouve partout.

Boule Bleu Compagnie Ivoire Marionnette
Boule Bleu Compagnie Ivoire Marionnette
Boule Bleu Compagnie Ivoire Marionnette
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Dans notre spectacle La boule bleue, nous avons créé une tête humaine qui se déplace dans l'espace.

au fur et à mesure de sa déambulation, sous la forme d'une bulle, les cheveux sortent et deviennent un personnage, les oreilles se développent créant des dialogues, même la bouche sort et se développe de manière autonome. Cette forme semble être quelque chose de nouveau, mais elle est en fait profondément inspirée d'un castelet traditionnel malien.

AU NIVEAU POLITIQUE, QUELLE ATTENTION PORTE AU THÉÂTRE DE MARIONNETTES EN AFRIQUE ?

Badrissa Soro
00:00 / 03:31

Au niveau politique, tout ce qui concerne l’art en Afrique passe toujours en second plan.

 

Aujourd'hui, nos politiciens, nos gouvernements, n'investissent pas beaucoup dans la culture, même quand il y a un budget, c'est très souvent détourné. 

 

La chance c'est que, surtout du côté du Mali, l’art de la marionnette est une grande tradition qu'il faut protéger, et là ils ont intérêt à nous accorder une petite attention et à protéger au moins ne serait-ce que la base, ce qu'on a de précieux, parce que à partir de cet art, beaucoup d'autres arts naissent. 

 

Au Mali, avec la crise qui se vit en ce moment, les marionnettes ont beaucoup contribué à l'épanouissement de la population, il y a eu même le festival Rendez-vous chez nous à Bamako qui a eu un gros succès cette année: les politiques se sont intéressés et ils l’ont soutenu cette année. 

 

À travers cette crise je pense que les politiques l'ont compris, au Mali il y a eu un soutien appréciable aux arts de la marionnette, même l'État à délégué l'armée, avec sa fanfare, pour orchestrer une parade lors de l'ouverture du festival, ils étaient habillés en tenue, ils sont venus, je crois que c’était la Garde républicaine qui a joué la fanfare: c'est une première!
 

Donc on a senti qu’une importance est accordée et que les politiques comprennent aujourd'hui que l’art peut apporter, l’art peut aider à épanouir le peuple, l’art peut les soutenir aussi dans leur démarche. 
 

C'est une lutte qu'on mène dans tous les pays en Afrique et je pense qu’on est sur la voie, parce que le Mali l’a réussi et c’est en train de venir aussi dans d'autres pays. 

 

Nous aussi en Côte d’Ivoire on a réussi, parce qu’on a glané des lauriers, nous par exemple, Ivoire Marionnette a été deux fois médaillée aux Jeux de la Francophonie, catégorie marionnette géantes; et quand c'est comme ça, l'hymne national de votre pays est chanté et le drapeau du pays est monté, devant votre ministre de la Culture.

Et nous on l’a fait deux fois, en 2013 en France, à Nice et ça a été la seule médaille d’or pour la culture à l’époque.

 

C’est à partir de là que nos autorités ont commencé à nous accorder de l'importance, on a été reçu par le ministre, par le président de la République, donc aujourd'hui on a des petites subventions de la part de notre ministère, de la part de nos politiques. 

 

Nous sommes en train de changer les choses, ce n’est pas facile en Afrique, parce que d'abord le ministère de la Culture en Afrique c'est le ministère le plus pauvre, c'est le ministère qui n’a jamais de budget, donc il faut être méritant pour qu'on puisse t'accompagner, pour qu’on puisse t’écouter.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES DIFFICULTES QUE LES JEUNES RENCONTRENT POUR CREER LEUR COMPAGNIE?

Badrissa Soro
00:00 / 03:06

Je prends l'exemple de l'Académie Ivoire Marionnette, nous on forme les jeunes, on les recrute et ils vivent sur le site, ils sont là avec nous, ils sont formés sur un site pour trois ans. 

 

L’idée est que chaque jeune puisse s'installer à son propre compte.

 

Jusque là nous avons formé une première promotion et nous sommes à la deuxième promotion qui est là en ce moment.

 

La difficulté qu'on a eu avec la première promotion, c'est qu'ils étaient dix au départ, ils ne sont que deux qui ont réussi et qui sont en train aujourd'hui de monter leur propre structure, les autres sont partis faire autre, parce qu'ils n'avaient pas de moyens à s'installer.

 

Il y a cinq qui sont restés sur le site avec nous, qu'on a intégré dans la Compagnie.

 

Cela est dû à quoi: faute de moyens, il n’y a pas de subvention et quand vous n'avez pas de subventions pour accompagner les jeunes c'est quand même difficile.

 

La première promotion que nous avons formée, nous étions accompagnés par l'OIF, l'Organisation Internationale de la Francophonie qui nous a soutenus pendant huit ans.

 

Lorsque  vous êtes lauréat aux Jeux de la Francophonie - les jeux sont organisés par l'OIF - on vous demande de proposer un projet.

 

Le projet que nous avons proposé c'était le projet de l'Académie, un projet de formation à l'art de la marionnette de trois ans. 

 

Aux Jeux suivants, on a encore été lauréats, dont on a été accompagné encore pendant quatre ans, et en plus on a eu un soutien de l'ambassade de la Suisse en Côte d’Ivoire, qui nous a doté d’infrastructures sur le site: ils nous ont construit une cantine, une scène et un préau. 

 

À part ces subventions, les fonds de la Compagnie contribuent aussi à la formation; parce que ces jeunes vivent là, ils dorment là, si un jeune a un souci en cas de maladie, c'est la Compagnie d'abord qui va intervenir.

 

Très souvent ce sont des jeunes dont les parents ne s'intéressent pas beaucoup à la culture, ils ne sont pas soutenus, c'est seulement quand le jeune est formé et on commence à être embauché dans des créations et qui commence à recevoir des cachets, quand il commence à intervenir dans la famille, tout de suite, la famille commence à voir l'importance du travail qui se fait, c’est à partir de là que les parents acceptent que leur enfant puisse être artiste, si non, au départ, ce n’est vraiment pas facile.

 

C'est pourquoi nous ici, on a monté un projet, on veut avoir un agrément de notre État qui prouve que c'est une école reconnue par l'État.

 

On aura un budget de fonctionnement chaque année et ce budget nous permettra de suivre ces jeunes et à la fin de la formation peut accompagner chaque jeune à s’installer, à même tisser un lien avec l'école de Charleville.

Badrissa Soro
00:00 / 03:22

Les jeunes n’arrivent pas tout de suite à créer leur Compagnie, parce que c’est un problème de financement, un problème de moyens. 

 

Si vous devez faire une création, il vous faut du matériel.  

 

Or l'artiste n'est pas payé chaque fin de mois, on a que cette difficulté là.

Ce qui fait qu’on a beaucoup de jeunes qui se disent marionnettistes où artistes en général, mais ils ne sont pas artistes où marionnettistes à plein temps; quand il dit qu'il est marionnettiste, demain peut-être vous le verrez en train de vendre des aubergines au marché, ou il devient commerçant vendant des t-shirts quelque part; et la marionnette devient un travail en second plan.

 

Or, chez Ivoire Marionnette, on a l'habitude de dire: on dort marionnette, on mange marionnette, on se coiffe marionnette et on vit marionnette.

 

Un jeune, s’il est retenu à l'Académie, doit dormir ici sur le site; le week-end on le libère pour qu'il aille voir la famille, s’il n’y a pas de travail le week-end: ça fait que tu es dans la chose, dans l’élément à temps plein

Moi ça me fait mal, c'est vrai souvent ça arrive, l’artiste, quand ça ne va pas trop, il va peut être vendre un peu d'aubergines, il se transforme peut être en mécanicien, ça peut arriver, mais nous, sincèrement l'objectif ce n’est pas ça pour nous.

 

Nous ce n’est pas vraiment le but, parce que nous, c'est comme ça qu'on s'est fait ici en Côte d'Ivoire: aujourd'hui on a un lieu, un espace acheté par la compagnie qui porte le nom de la compagnie; aujourd'hui on a toutes les infrastructures dans le site, ce n’est pas des dortoirs des familles, non non, c'est le centre, on a investi et c'est parce qu'on était à plein temps dans le travail, on était en plein temps dans notre élément, parce que c'est un métier.

 

Le marionnettiste fait la couture: on a l'atelier de couture;   avec la couture vous faites l'habillage des marionnettes; vous pouvez confectionner aussi des mascottes, aujourd'hui ça paye bien en Afrique, beaucoup d'entreprises nous sollicitent une confection des mascottes, et c'est le travail de la marionnette qui nous a qui nous apprend tout ça.

 

Le marionnettiste peut faire de la peinture, le marionnettiste peut écrire, le marionnettiste peut danser: on a un chorégraphe, on a un styliste, on a un concepteur. 

 

Quand vous êtes vraiment bien formé, vous êtes dans l'élément, quand vous décidez de vous engager, de vous lancer, vous allez trouver tout ce qu'il faut comme moyen pour vous installer à votre compte. 

 

Et c'est ça notre lutte, ici à Ivoire Marionnette, ça c’est l'engagement pour nous. 

 

Il faut le faire pour qu' on soit nombreux à pratiquer cet art en Côte d’Ivoire, il faut soutenir cette jeunesse parce que l’art de marionnette c'est un métier  à part entière, c'est un métier complet qui nourrit son homme.

 

Nous aujourd'hui à Ivoire Marionnette, personne ne fait autre chose, on est marionnettistes, on vit de ça, jamais vous nous verrez en train d'aller faire d’autres métiers, on vit de ça parce que on fait la marionnette vraiment, on est à fond dans l’art de la marionnette, et c'est comme ça qu'on veut accompagner nos jeunes. 

 

C'est pourquoi cette année cet agrément il faut qu'on l'ait.

QUELLES SONT LES OPPORTUNITÉS DE FORMATION AUX ARTS DE LA MARIONNETTE EN AFRIQUE ?

Badrissa Soro
00:00 / 01:33

Du côté du Mali, il y a Yacouba Magassouba, qui initie des séances de formation: il a organisé un atelier pour les femmes, c'est un projet très important.

 

Il y a Yaya Coulibaly, notre ainé, qui fait un travail formidable, c’est lui d'ailleurs qui a formé Yacouba: il tourne beaucoup et il écrit beaucoup, il est sollicité beaucoup, il a beaucoup d'activités en ce moment, c’est vraiment notre fierté, c'est notre aîné, c’est la tradition de la marionnette. Lui, c'est le seul gardien de la tradition de nos marionnettes aujourd'hui.

 

Patricia Gomis, du côté du Sénégal, fait un travail formidable.

 

Du côté du Congo, il y a Sconde Conteur, qui fait aussi de la formation, qui lutte beaucoup.

 

Du côté de l'Afrique du Sud, il y a Janni Younge qui fait beaucoup.

 

Du côté du Kenya, il y a l'Institut Kenyan de la Marionnette, géré par Phylemon Okoth, ils ont un agrément donc c'est encore mieux structurés, l'état les accompagne.

 

Du côté de l'Afrique du Nord, il y a  la Tunisie avec Habiba Jendoubi, elle fait aussi de la formation.

 QUEL A ÉTÉ VOTRE PARCOURS DE FORMATION ?

Badrissa Soro
00:00 / 01:33
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Spectacle : Soro d'Afrique,  par Badrissa Soro

J'ai commencé au village Ki Yi M’Bock di Werewere Liking, qui est une Grande Marionnettiste Africaine, actuellement elle a décidé de se convertir à l'écriture et à la poésie, elle fait partie des trois pionniers de la marionnette africaine, nos doyens qui sont des modèles pour nous: Yaya Coulibaly, Wêrê-Wêrê Liking (d’ailleurs elle a été formée aussi par Yaya) et Danaye Kanlanfeï. 

 

Eux, ce sont nos trois pionniers en Afrique noire.

 

Werewere m'a formé, quand je suis arrivé dans son centre, au départ je ne savais pas que j'allais faire l’art de la marionnette…

 

Je ne venais pas pour la marionnette, je venais pour chanter, au départ…
 

J’ai dû passer un test pour être admis dans son centre, quand j'ai chanté elle m'a dit “Non, ce n’est pas d'un chanteur qu'on a besoin, et puis les chants que tu fais là, ce ne sont pas des chants qui vont nous apporter grand chose… Ici on a besoin d'un acteur, donc si tu peux nous faire une scène de quelqu'un qui est en joie, et une scène de quelqu'un qui est triste, désespéré…”.

Et ce sont ces deux scènes que j'ai joué, et quand j'ai fini, tout de suite ils m'ont applaudi, ils ont vu la qualité d'un acteur.

 

Et comme ça, j'ai été admis dans le Centre, ils m'ont mis dans le module des articuleurs, et les articuleurs faisaient du théâtre et de la marionnette.

Fur et à mesure que j'étais dans ce module, Werewere venait souvent, un jour elle nous a demandé, à toute la classe,  de ne pas toucher aux marionnettes qui étaient là, fabriquées par elle même, car ce n’était pas pas nous, on ne pouvait pas les prendre et monter nos pièces avec, elle ne voulait pas ça. 

 

Elle souhaitait que chacun se retire, aille dans la brousse, sur la poubelle, qu'on aille partout… 

 

Elle nous a donné deux semaines, chacun devait revenir avec une marionnette, et c'est comme ça que toute l'équipe s'est dispersée.

 

En deux semaines, moi je suis allé dans la nature, après sur la poubelle, j'ai fait des récupérations, j'ai récupéré des bouteilles en plastique, avec du carton, j'ai fait des bonhommes, j'ai pris des feuilles, j’ai découpé des feuilles, j’ai fabriqué des poupées et au bout des deux semaines, quand nous sommes arrivés, j’étais la personne qui avait amené plus d'objets.

 

Elle a regardé, regardé, regardé, et c'est comme ça qu'elle m'a dit: “Toi, tu vas venir avec moi parce que tu seras un marionnettiste, tu as les talents de marionnettiste, maintenant il faut qu'on développe ce talent, c’est pourquoi tu vas venir avec moi…!”

 

C'est comme ça qu'elle m'a levé du lot…

ACADEMIE IVOIRE MARIONNETTE

La Compagnie Ivoire Marionnette,  existe depuis 2007, spécialisée dans la conception, la fabrication, la création de spectacles de marionnettes, la formation des jeunes à l'art de la marionnette et la promotion de la marionnette.
Elle est composé de 3 membres : Soro Badrissa, Koro Souleymane, Goualy Gbahi Rachelle. 
Elle est dirigé par Badrissa Soro qui en est le fondateur et le directeur artistique.
La Société a lancé un projet de formation appelé Académie Ivoire Marionnette.

L'Académie Ivoire Marionnettes est le centre de formation aux arts de la marionnette de la Compagnie Ivoire Marionnettes, créée en 2015, située au village Abatta dans la commune de Bingerville (Abidjan - Côte d'Ivoire).
L'Académie est en passe de devenir une véritable école des arts de la marionnette grâce à la reconnaissance de l'Etat ivoirien.
Espace de formation, de résidence, de création et d'échanges culturels, l'Académie recrute des jeunes défavorisés pour une formation à l'art de la marionnette sur un cycle de 3 ans.
Les élèves de l'INSSAC ( Institut National des Arts et de l'Action Culturelle de Côte d'Ivoire) sont accueillis à l'Académie des Marionnettes d'Ivoire tous les vendredis pour des stages pratiques dans l'art de la marionnette.
La première promotion de l'Académie en fin de cycle 2017 a représenté la Côte d'Ivoire aux Jeux de la Francophonie et a remporté la médaille d'or dans la catégorie marionnette géante.
L'Académie est également ouverte au public scolaire tous les mercredis pour des stages d'initiation à l'art de la marionnette.
Les RIMA ( Rencontres Internationales de la Marionnette d'Abatta ) est le festival de l'Académie, il est annuel et rassemble différents professionnels des arts autour de la marionnette à travers des conférences, des ateliers de formation et des spectacles.

Partenaire de l'Académie Ivoire Marionnette :
INSAAC ( Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle )
OIF ( Organisation Internationale de la Francophonie )
L'ambassade de Suisse en Côte d'Ivoire
L'Institut Français de Côte d'Ivoire
Institut Goethe d'Abidjan 
La Ligue de l'Education de Paris
UNIMA Internationale

Quelques récompenses :
Prix National d'Excellence 2019 du Président de la République de Côte d'Ivoire, pour les arts vivants de l'Etat de Côte d'Ivoire.
Médaille d'or à la huitième édition des Jeux de la Francophonie dans la catégorie marionnettes géantes à Abidjan 2017 avec la première promotion d'élèves de l'Académie.
2e prix d'excellence des arts vivants de l'état de Côte d'Ivoire, octobre 2018.
Médaille d'or aux 7e Jeux de la Francophonie , catégorie marionnette géante à Nice, France, septembre 2013.
1er prix au concours ONG/UNESCO Les marionnettes s'engagent pour la paix  à l'occasion de la journée internationale de la paix organisée à Charleville-Mézières avec le spectacle Tambour de l'Union , septembre 2013
La Compagnie a reçu le 3ème Prix d'Excellence des Arts Vivants de l'état de Côte d'Ivoire, octobre 2014.
3ème prix ASCAD ( Académie des Sciences, Arts, Cultures d'Afrique et des Diasporas Africaines ) pour sa contribution à la promotion de la jeunesse à travers les arts vivants, le 20 juillet 2015.


POUR SOUTENIR LE DEVELOPPEMENT DE L'ACADEMIE IVOIRE MARIONNETTE IL Y A UN CROWDFOUNDING, MEME UN PEU D'AIDE EST UN GRAND APPORT :



 

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